mardi 3 décembre 2013

Les Canaries, plus on est de fous, moins il y a de riz !

A Agadir, nous passons 2 jours dans la marina sur internet pour gérer les mails et mettre à jour le site internet. Nous avons un bateau qui peut nous faire faire la traversée de l'atlantique depuis les Canaries (en passant par le Sénégal et le cap vert) mais faut-il encore rejoindre ces fameuses îles. Nous ne sommes pas très actifs dans cette recherche. Nous demandons à 2-3 plaisanciers leur destination en expliquant notre parcours et désir de trouver un voilier pour la traversée. Réponses négatives, soit car ils n'ont pas de place, demandent des sommes hors de notre budget, peurs de notre inexpérience ou tout simplement ne souhaitent pas prendre quelqu'un sur leur bateau. Puis nous rencontrons Enrico, capitaine italien du
voilier Micamale (signifiant "pas mal") qui nous propose de venir manger le soir afin de discuter de nos projets respectifs et rencontrer son compatriote et partenaire des mers Andrea. Ils vont aux Canaries dans un 1er temps avant de faire la traversée direction cuba où ils vivent depuis un moment et où ils souhaitent vivre de leur voilier en proposant des sorties en mer (océan) aux touristes. Ils acceptent de nous emmener et on dort sur le bateau, montrant encore une fois que c'est quand on ne veux rien que tout arrive. Départ annoncé ce lundi 4 novembre dans la matinée. Nous laissons nos passeports, papiers du bateau aux douaniers pour les formalités administratives. C'est avec l'humeur "joyeuse" typique des policiers qui se sentent investis d'une mission de sûreté internationale, que le douanier interrogent Enrico sur le fait qu'il prenne 2 voilier-stoppeurs sur son bateau, qui plus est français, et lui oblige à signer une décharge comme quoi il est désormais responsable de nous ! ("Daddy Enrico"). Pourquoi pense-t-il posséder l'omnipotence, le pouvoir du destin des autres alors qu'il n'est qu'un être humain ? Ah les hommes! Un semblant de pouvoir et leur ego s'en nourri pour leur faire croire à une supériorité toute relative. Bref, les difficultés administratives ne s'arrêtent pas là, il y a apparemment un souci sur l'un des passeport français. Malgré nos nombreux appels, nous n'en savons pas plus, les seuls réponses sont qu'ils sont débordés (3 départs de bateau dans la journée !!!! wahoou) et que c'est un jour férié. Nous attendons toute la journée avant qu'un policier nous ramène les passeports et nous explique qu'il y a eu une erreur d'enregistrement informatique pour Greg lors de notre arrivée à Tanger (Greg était donc portugais pendant la traversée du pays !) et qu'il lui a fallu toute la journée pour régulariser la situation. Heureusement pour moi, je n'ai pas tous ces soucis administratifs, il n'y a pas de frontières chez les oiseaux, je suis libre comme l'air. On décide de décaler le départ d'une journée. Mustapha, technicien du port, nous dit de bien passer au milieu du port car nous sommes en marée basse et il y a des bancs de sable sur les côtés. Nous écoutons ses conseils avec sérieux mais malgré cela, nous voilà coincé, ensablé à la sortie du port. Décidément le Maroc ne veut pas nous laisser partir :-). Après diverses manœuvres et usage de lourds contre-poids, (Flo et Greg, moi j'étais trop légère) nous nous éloignons du continent africain pour rejoindre les îles Canaries (européen ou africain selon le critère de référence), découvertes par un de mes lointains aïeux. Nous sommes directement mis dans le bain en aidant pour la navigation avec un vent proche de 30 nœuds, ce qui est bien assez pour une 1ère (ou presque) sur un voilier. Nous filons désormais à 10 nœuds sur de belles vagues et gérons tant bien que mal le mal de mer. Flo utilise la technique de "je reste dans le lit et essaie de dormir", Greg celle de "je m’assois bien confortablement dehors en regardant au loin l'horizon en essayant de prendre un maximum d'air dans le visage" et moi je me dégourdie de temps en temps par quelques battements d'ailes en suivant le bateau (on est si bien dans les airs !). Finalement mes 2 compagnons gèrent plutôt bien le tangage du bateau (pas de vomi, pas de réel mal de mer) et font les quarts de nuits avec leurs 2 hôtes; Greg avec Andrea pour la 1ère partie de la nuit et Flo avec Enrico pour la seconde partie. Nous mangeons aussi le fruit de notre pêche, steak de thon, poulpe bouilli et grillé arrosé copieusement d'huile d'olive marocaine et d'ail. C'est sure, c'est la dernière épreuve pour valider le diplôme d'apprenti-marin, merci à nos estomacs qui ont tenu le choc. Arrivés sur la terre ferme, ils nous annoncent que si l'on souhaite faire la traversée avec eux, nous sommes les bienvenus. Plus de nouvelles du bateau que nous souhaitions rejoindre pour aller au Cap Vert puis Brésil et surtout une très bonne entente avec les propriétaires de Micamale, nous acceptons. Ces 2 jours de mer avec des conditions, non pas difficiles mais au-delà de la "ballade touristique", nous rassure dans nos capacités maritimes et c'est sereinement que nous envisageons cette traversée. Nous débarquons sur différentes îles et visitons entre autres
Lanzarote qui est une île volcanique. C'est impressionnant, on se croirait sur mars ou une planète inhabitée, tout est noir et fait de roche contrastant avec le blanc pure des maisons, seuls quelques cactus poussent à de rares endroits. Nous arrivons à Las Palmas sur l'île de Gran Canaria où dans quelques jours va être donné le départ de la fameuse régate l'ARC (Atlantic Race Crossing) en direction de Ste Lucia dans les Caraïbes. Nous rencontrons ici des dizaines et des dizaines de bateau-stoppeurs, tous à la recherche d'une embarcation, certains depuis plus d'un mois. Des annonces sont affichées un peu partout dans le port. C'est ici que nous prenons la mesure de notre chance d'avoir trouvé aussi facilement et rapidement un bateau. Nos hôtes qui souhaitaient traverser à 2 et finalement contents de notre rencontre, nous informent qu'ils ont envie de former une plus grande équipe, non pas avec des gens confirmés mais plutôt des novices sympathiques où tout le monde s'entendraient bien. On fini donc par être 6 puis 7 puis 8 puis 7 puis 8 ! Pour voir si l'équipe ne s’entre-tue pas, si personne n'est trop malade et pour que tout le monde ai une petite expérience avant la traversée, nous partons pour une semaine de voilier autour des diverses îles. Concernant le mal de mer c'est pas ça pour tout le monde, pour le reste c'est ok. De retour à Las Palmas de Gran Canaria, le nombre de participants est désormais fixé et confirmé, nous serons 7 à traverser (8 avec moi mais je prend pas de place). L'équipe se compose ainsi : Andrea et Enrico les 2 propriétaires italiens et expérimentés, Julia l'espagnole, Rose l'anglaise, Anaïs la française, Flo et Greg les 2 frères français et moi Marthe. La 2ème partie des membres sont tous inexpérimentés dans la navigation mais ont une grande envie d'apprendre. Nous passons quelques jours à préparer le bateau. Réparation, peinture, électricité, démontage et remontage des voiles, courses pour 3 semaines (et un vrai « tétris » pour ranger tous ça dans les placards), nettoyage du pont et intérieur... Mais le vent n'est pas très favorable ces jours et nous ne cessons de reculer la date de départ. L'impatience se fait sentir et chacun à hâte de hisser la la grande voile et prendre le large :-) Toujours pas de vent, nous décidons de nous diriger sur les îles plus à l'ouest (Tenerife, Goméra, El Hierro) plutôt que d'attendre dans ce port, nous rapprochant ainsi un peu du sol américain (certes pas de beaucoup). La veille de partir pour cette île, l'info fait vite le tour du port et quelques bateau-stoppeurs demandent s'il y a de la place pour Tenerife. Un couple d'espagnols sera retenu ! Nous voilà désormais 9 sur un voilier de 15m ! C'est un peu l'auberge espagnole revisitée façon bateau italien :-).



Marthe votre Coco-resPondante :

4 commentaires:

  1. Ahhhhh ! Enfin des nouvelles ! Et que des bonnes...
    C'est incroyable d'avoir trouvé un bateau aussi facilement, j'en reviens pas. Je galère plus que vous pour trouver une voiture d'occasion...

    Bise au Français, et au portugais, aussi.

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  2. Ahhhh enfin. J'attendais les photos avec impatience (l'article aussi mais j'avais des nouvelles régulièrement) et je ne suis pas déçu... Lanzarote est magnifique mais très désertique.
    Continuez bien en espérant que vous n'attendrez encore pas trop pour partir.

    Gros bisous.
    PS: Marthe prend bien soin d'eux, et emmene les prendre l'air sils sont pas bien durant la traversée...

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  3. A enfin depuis le temps que nous attendions ce moment!! les photos sont magnifiques et il y en a quelques unes qu il faudra bien conserver!!!! si vous voyez se que je veux dire?? j espère que malgré l appareil à l'eau vous continuerez à nous faire rêver?? BON VENT
    Gros bisous
    Annie et Christian

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  4. Merci pour le permis de conduire qui a bien voyagé de la poche de mon short aux mains d'oune voleurrrr masssqué puis aux bons soins de pilon voyageurs samaritains puis redirigé du fin fond de la Haute-Loire par mes parents étonnés... a fini par atterrir dans ma boîte aux lettres parisienne!!! Si vous trouvez le reste du porte-feuilles, je suis preneur!!!
    Bravo pour votre périple! On a hâte de lire la suite et si un improbable véhicule vous conduit jusqu'à Paris, faites-nous signe ! Greg (l'autre) y familia

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